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malheureusement les cultivateurs ensemencèrent avec les grains nouveaux qui, faibles et pourris, ne germèrent, ni en automne ni au printemps. Les magasins étant épuisés et les champs incultes, alors commença la famine avec toutes ses horreurs. Les granges des villages étant vides, et les marchés de la capitale n’étant plus fournis, le prix d’un tchetvert de blé s’éleva de douze ou quinze dengas jusqu’à trois roubles, quinze roubles d’argent actuel (124).

Boris ordonna alors d’ouvrir les magasins de la Couronne, à Moscou et dans les autres villes ; il engagea le Clergé et les Grands à vendre leurs provisions de blé à un prix modique ; il ouvrit aussi son trésor, et dans quatre enceintes, faites à Moscou auprès du mur de bois, étaient placés des tas d’argent pour les pauvres (125). À la première heure du jour, on donnait à chacun deux moskovki, un denga ou un kopek ; mais la famine régnait toujours, car des hommes sordides achetaient, par supercherie, le blé qu’on vendait à bon marché dans les magasins de la Couronne, du Clergé et des Boyards, pour en