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Il corrompit le trésorier de la maison des Romanoff, lui remit des sacs remplis de racines, lui ordonna de les cacher dans le garde-meuble du boyard Alexandre, et de dénoncer ensuite ses Maîtres comme s’occupant, en secret, à composer un poison qui devait abréger les jours du Souverain. L’allarme se répand tout à coup dans Moscou ; le conseil et les principaux dignitaires se rendent auprès du Patriarche ; ils envoyent Michel Soltikoff, officier du palais, faire la visite du garde-meuble du boyard Alexandre : on y trouve les sacs, on les porte chez Job, et, en présence des Romanoff, on en tire les racines soit-disant enchantées et préparées pour l’empoisonnement du Tsar. La terreur est générale ; les Grands, aussi zélés que les sénateurs Romains du temps de Tibère ou de Néron, se précipitent en vociférant sur les prétendus criminels, comme des bêtes féroces sur des agneaux sans défense ; ils demandent à grands cris des justifications, que le tumulte empêche d’entendre ; livrent les infortunés Romanoff, aux mains d’une forte garde, et les font juger, comme juge l’iniquité.