Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et malheureuse patrie, où personne ne voulait faire la guerre ni servir le souverain. Bathori, ajoutant foi à ce discours, reçut très-froidement les ambassadeurs de Moscou ; il leur dit que, par condescendance, il pourrait nous accorder une trève de dix ans ; si nous rendions à la Lithuanie les villes de Novgorod, Pskof, Louky, Smolensk, et le pays de Seversk, et ajouta : « Le père de Fédor n’avait pas voulu me connaître, et il m’a connu : autant en arrivera à son fils ».

Les Ambassadeurs cherchèrent à prouver le peu de raison qu’il y avait dans les prétentions du Roi ; mais on ne les écouta pas. Ils furent obligés d’avoir recours à la ruse. D’abord, ils firent adroitement circuler le bruit que Michel Golovin était un espion, envoyé auprès d’Étienne par les Boyards de Moscou. Ensuite, ils proposèrent aux Seigneurs de la Pologne et de la Lithuanie, de conclure une étroite alliance entre leur gouvernement et la Russie, pour la destruction totale du Khan de Crimée. Ces deux ressorts furent mis en jeu avec un égal succès. Golovin n’inspira plus bientôt aucune confiance ; on pensa