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qui leur convenait ; les marchands les en remerciaient comme d’une grande faveur qu’ils leur accordaient. On assure que Saint Basile de Moscou, contemporain d’Ivan, parlait avec une hardiesse étonnante de ses cruautés.

Tolérance Les Étrangers, en reprochant aux Russes leurs superstitions, donnaient cependant des éloges à leur tolérance. Elle existait chez nous depuis le siècle d’Oleg, phénomène étonnant dans notre ancienne histoire ; on ne sait par quoi l’expliquer ; serait-ce par défaut de lumières ? ou par une véritable connaissance de l’esprit de la religion Chrétienne ? Quoique sur ce point important, les savans et les meilleurs logiciens du temps, eussent peine à s’accorder entre eux. Serait-ce par indifférence sur les divers dogmes ? Ce qui n’est pas très-présumable, chez une nation très-religieuse ; mais ne serait-ce pas plutôt par une sage prévoyance de nos Princes guerriers, qui pour maintenir leurs conquêtes, auraient voulu réunir différens peuples entre eux, par une entière liberté de conscience, et les enchaîner par la tolérance ? Cette opinion semblerait la