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réservait un rôle si important dans notre histoire.

Mœurs. Il est probable que les mœurs de la nation changèrent peu sous les règnes d’Ivan et de Fédor. Mais, dans des relations contemporaines, nous trouvons, à ce sujet, quelques détails nouveaux et intéressans pour nous.

Exemples de disputes sur l’ancienneté des familles et des rangs. Godounoff, l’habile et ambitieux Godounoff, ne put ou ne voulut point détruire les prétentions de prééminence entre les familles des Boyards et des Nobles. Cet orgueil des rangs était arrivé à un point difficile à imaginer, et tel qu’aucune nomination de Voïévodes, aucune désignation pour le service de la Cour dans les jours de fête, ne se passait sans amener des querelles plus ou moins graves. En voici un exemple : On entendait déjà à Moscou, en 1591, le pas des chevaux du Khan, que les Voïévodes disputaient encore sur l’ancienneté de leurs titres et les honneurs du pas, et ne se rendaient point à leurs postes, par un faux point d’honneur. Ils ne craignaient pas de s’exposer à la diffamation et à des punitions sévères ; car ceux qui se plaignaient à tort étaient quelquefois punis cor-