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Cours ensuite dans la sainte Russie ;
Salue mon père et ma mère ;
Porte ma bénédiction à mes petits enfants ;
Dis à ma jeune veuve :
Que j’ai contracté une autre union.
J’ai pris en dot la vaste plaine ;
C’est une flèche qui m’a marié ;
C’est un glaive acéré qui m’a mis au lit.
Tous mes amis et frères m’ont abandonné ;
Tous mes compagnons se sont dispersés ;
Il n’y a que toi, mon excellent coursier,
Qui m’as servi fidèlement jusqu’à la mort ».

Nous rapporterons encore un fragment de la chanson sur un guerrier tué, auquel les joncs servent de lit, un buisson d’oreiller, une sombre nuit de couverture, et sur le corps duquel pleurent une mère, une sœur et une jeune épouse :

« Hélas ! la mère pleure comme un fleuve roule ses flots ;
La sœur pleure comme coulent les ruisseaux ;
L’épouse pleure comme la rosée qui tombe.
Le soleil paraitra et fera disparaître la rosée ».

Ces poésies et d’autres pièces populaires qui se distinguent par la vérité du sentiment et par la hardiesse des expressions, se raprochent plutôt du seizième que du dix-huitième siècle,