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peuple est la voix de Dieu ; que sa volonté soit faite ».

Le lendemain, 18 février, l’église de l’Assomption se remplit de monde, dès le plus grand matin. Le Clergé, les autorités civiles et le peuple, à genoux, adressèrent avec ferveur leurs prières au Tout-Puissant, pour obtenir du Régent, qu’il s’attendrît et acceptât la couronne. On pria pendant deux jours, et le 20 février, Job, les Évêques, les Grands déclarèrent à Godounoff qu’il était élu Tsar, non-seulement par Moscou, mais par toute la Russie. Cependant, Godounoff répondit encore que l’élévation et l’éclat du Trône de Fédor effrayaient son âme ; il jura de nouveau qu’une pensée aussi hardie ne s’était jamais présentée à lui dans les mouvemens les plus secrets de son cœur. Il vit les pleurs, entendit les supplications et resta inébranlable. Il renvoya du couvent les Tentateurs, le Clergé et les Boyards, et leur défendit de revenir auprès de lui.

Il fallut chercher un moyen plus efficace ; on s’en occupa et on le trouva. Les Évêques, dans un conseil général qu’ils tinrent avec les