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Dès que le Clergé, les Dignitaires et les citoyens, connurent la prise de voile d’Irène, ils se rassemblèrent au Kremlin où Vassili Stchelkaloff, Diak d’État et Garde des Sceaux, après leur avoir représenté les funestes conséquences de l’anarchie, exigea d’eux le serment d’obéir au Conseil. Personne ne voulut en entendre parler ; tous s’écrièrent : « Nous ne connaissons, ni les Princes, ni les Boyards, nous ne connaissons que la Tsarine ; c’est à elle que nous avons prêté serment et nous ne le prêterons pas à d’autres ; même sous ses habits religieux, elle est toujours la mère de la Russie (214) ». Le Garde des Sceaux, après avoir pris conseil des Grands, se présenta de nouveau aux citoyens, et leur dit : Que la Tsarine ayant abandonné le monde, ne s’occupait plus des affaires de l’État, et que le peuple devait prêter serment aux Boyards, s’il ne voulait voir la destruction de l’Empire. La réponse unanime fut : « S’il en est ainsi, que son frère règne ». Nul n’osa contredire ce vœu ni garder le silence : tous s’écrièrent : Boris proclamé Tsar. « Vive notre père Boris Godounoff ! Il succédera à notre mère la Tsa-