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juraient de ne pas les délaisser dans une telle crise ; mais la Tsarine, qui jusqu’alors avait toujours montré un cœur compatissant, ne fut point touchée de leurs supplications, et dit que sa résolution était inébranlable et que l’État serait gouverné par les Boyards conjointement avec le Patriarche, jusqu’au moment où tous les Ordres de l’empire de Russie pourraient se réunir à Moscou (212), afin de décider du sort de la patrie selon l’inspiration divine. Le même jour (213), Irène sortit du palais du Kremlin pour se rendre au monastère des Vierges, et prit le voile sous le nom d’Alexandra. La Russie resta sans chef et Moscou dans le trouble et l’agitation.

Où se trouvait alors et que faisait Godounoff ? Il s’était enfermé dans le monastère avec sa sœur, pleurait et priait avec elle. Il semblait qu’à son exemple, il avait renoncé au monde, à ses grandeurs, au pouvoir, et qu’il avait abandonné le gouvernail de l’Empire et livré la Russie aux orages ; mais le pilote ne s’endormait pas, et Godounoff, du fond de l’humble cellule d’un monastère, tenait l’Empire d’une main ferme.