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ruches qui en dépendaient. Il fit ajouter à son traitement annuel plusieurs des revenus de la Couronne, ce qui, joint au produit de ses propres terres situées à Viazma et à Dorogobouge, faisait monter ses revenus à huit ou neuf cent mille roubles, argent d’aujourd’hui (19). Il est le premier seigneur, depuis le commencement de la Russie jusqu’à nos jours, qui ait joui d’une pareille fortune. Elle lui permettait de mettre en campagne, à ses propres frais, jusqu’à cent mille soldats (20). Ce n’était plus l’homme d’un moment, un simple favori, mais le maître de l’Empire. Sûr de Fédor, Boris craignait encore ses envieux et ses ennemis, il voulait les terrasser par sa magnificence, afin qu’ils n’osassent pas même songer à le précipiter d’une hauteur inaccessible à l’ambition ordinaire des courtisans. Tandis que réellement étonnés, ces envieux et ces ennemis, tout en gardant le silence, ourdissaient en secret des trames contre lui, Godounoff, s’abandonnant à l’élan d’une âme avide de gloire, prit son essor vers un grand et noble but. Il voulut justifier la confiance de son souverain, mériter celle du