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triompher de tous tes ennemis, et puisse le souvenir de ton règne pacifique se perpétuer d’âge en âge ».

En ce moment, tous les assistans, les yeux baignés de larmes, s’écrièrent : « Oui, qu’il soit de longue durée » !

Fédor entendit la messe, paré de tous les insignes de la Souveraineté, la couronne de Monomaque sur la tête, un riche manteau sur les épaules et tenant en ses mains un long sceptre, fait d’une dent de baleine de grand prix (12) ; mais il avait l’air abattu et fatigué.

Devant lui étaient posées les couronnes des Royaumes conquis. Debout et à sa droite, se tenait Godounoff, à titre de Seigneur allié ; et Nikita Iourieff, oncle de Fédor, se tenait sur le même rang avec les autres Boyards. Rien, au récit de ceux qui assistèrent à cette cérémonie, ne pouvait en égaler la magnificence. L’estrade sur laquelle était placé le Monarque, avec le Métropolitain, le pupitre où étaient déposés les habits royaux, les sièges occupés par le clergé, étaient couverts de riches velours ; dans l’église, on marchait sur des tapis de Perse et de drap rouge d’Angleterre. Les