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nade qu’il entendait était en signe de réjouissance, le succès de nos armes n’étant pas douteux, et qu’avant le jour, nous attaquerions les Tatares avec toutes nos forces réunies. Le Khan, peut-être, ne les croyait pas entièrement : mais déjà il voyait qu’il avait été trompé par le Roi de Suède, et que, la Russie, malgré sa guerre avec ce Prince, conservait encore assez de défenseurs ; il prit donc prudemment le parti de la fuite une heure avant le jour.

Après en avoir informé le Tsar, les Voïévodes, au son de toutes les cloches de Moscou triomphante, se mirent avec toute l’armée à la poursuite du Khan, qui fuyait en laissant sur sa route, ses bagages et ses munitions. Il entendait derrière lui le bruit des pas de notre cavalerie, et sans prendre un instant de repos, en vingt-quatre heures il parvint aux bords de l’Oka ; au soleil levant, il aperçut l’avant-garde des Russes et se précipita dans la rivière, abandonnant après lui ses propres voitures : une grande partie des siens fut noyée dans ce passage dangereux ; mais il continua de fuir, sans s’en embarrasser.