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nombre d’habitans périt dans les flammes. Le Kremlin et Kitaï, où demeurait la noblesse, furent épargnés ; mais les citoyens restèrent sans abri, et plusieurs sans ressources. Les cris et les gémissemens se faisaient entendre au milieu de ces cendres fumantes, et le peuple courait en foule sur le chemin du couvent de Saint-Serge à la rencontre du Souverain, pour implorer ses faveurs et des secours. Mais Boris les empêcha de parvenir jusqu’au Monarque ; il se montra au milieu d’eux avec l’air de l’amour et de la pitié, écouta toutes leurs réclamations, fit des promesses à tout le monde, et les remplit. Il fit reconstruire des rues entières, distribua de l’argent et des dispenses d’impôts. Enfin, il fit preuve d’une telle générosité que les habitans de Moscou, consolés et étonnés de tant de bienfaits, commencèrent à louer sincèrement Godounoff. On ne sait si c’est le hasard qui lui procura cette occasion de conquérir l’amour du peuple, ou s’il fut l’auteur secret du désastre de la Capitale, comme le soutien l’Annaliste et comme le croyaient plusieurs de ses contemporains (142). Dans les actes officiels il est dit :