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mourut moine quelques années après, dévoré de remords. Cependant, au milieu du silence de la Cour et de l’Église, on entendait le murmure du peuple qui n’avait été trompé, ni par l’instruction de l’affaire suivie par Schouisky, ni par le jugement des pères de l’Église, ni par la condamnation prononcée par les Boyards. Les espions de Boris entendaient parler à demi-voix de l’horrible assassinat, de son secret auteur (140), du triste aveuglement du Tsar et de la vile bassesse des Grands et du Clergé ; ils ne voyaient dans la foule que des figures sur lesquelles était peinte la tristesse. Boris était tourmenté de ces bruits, lorsque l’horrible désastre qui vint ravager la Capitale, lui fournit le moyen de les faire cesser. Incendie de Moscou. La veille du jour de la Trinité, pendant l’absence du Monarque, qui était allé avec les Boyards au couvent de Saint-Serge, un incendie éclata dans la cour des Carrossiers. Dans quelques heures, les rues de l’Arbate, de la Nikitskaïa, de la Tverskaïa, de la Pétrofskaïa, toute la ville Blanche, les Slobodes des Streletz (141), les maisons, les boutiques, les églises furent réduites en cendres, et un grand