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une imposture, sinon pour convaincre la nation, du moins pour la forme et la bienséance. On s’empara des lettres qui arrivaient d’Ouglitche, et l’on en écrivit d’autres à la place. On y disait que le Tsarévitche s’était tué avec un couteau, dans un accès d’épilepsie, et que ce malheur était arrivé par la négligence des Nagoï qui, voulant cacher leur faute, avaient impudemment accusé le diak Bitiagofsky et ses proches, de l’assassinat de Dmitri, ameuté le peuple et sacrifié les innocens. Godounoff se hâta de se présenter à Fédor avec le rapport mensonger. Il montrait une affliction hypocrite ; il tremblait, levait les yeux au ciel, et en prononçant le terrible mot de la mort de Dmitri, il confondit ses larmes de crocodile avec les larmes sincères d’un bon et tendre frère. Le Tsar, d’après le témoignage de l’Annaliste, pleura amérement, garda long-temps le silence et dit enfin : « Que la volonté de Dieu soit faite » ! Il crut tout ce qu’on lui dit. Mais la Russie exigeait quelque chose de plus. On feignit de mettre du zèle à la recherche de toutes les circonstances de ce malheur ; et, sans perdre de temps, on envoya à Ou-