Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pect d’une agitation inexprimable. Le marguillier de la cathédrale, soit qu’il eut été, comme on le dit, témoin de l’assassinat, soit qu’il en eut été instruit par quelques serviteurs de la Tsarine, sonna le tocsin, et toutes les rues se remplirent de monde. Saisis d’étonnement et de frayeur, tous les habitans couraient vers l’endroit d’où partaient les sons de la cloche. On cherchait à apercevoir la fumée ou la flamme, croyant que le feu était au palais. On en brise la porte, et l’on voit le Tsarévitche étendu mort sur la terre ; auprès de lui étaient sa mère et sa nourrice sans connaissance ; mais les noms des assassins avaient déjà été prononcés par elles. Ces monstres, désignés à une juste punition par un juge invisible, n’eurent pas le temps de se cacher, ou ne l’osèrent pas, de peur de découvrir par là le crime qu’ils venaient de commettre. Dans le trouble et l’effroi que leur causèrent le tocsin, le bruit et l’effervescence du peuple, ils se réfugièrent dans l’Hôtel-de-Ville, et leur chef secret, Michel Bitiagofsky, courut au clocher pour arrêter le sonneur ; mais il ne put enfoncer la porte que celui-ci avait fer-