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avait pu se regarder comme le premier seigneur de l’État. Telle était l’opinion de la cour et du peuple ; c’était aussi celle du rusé diak André Stchelkaloff, qui cherchait à gagner la confiance du boyard Iourieff (9) dans l’espoir de diriger avec lui le Conseil. On connaissait le pouvoir que Godounoff exerçait sur sa sœur, la tendre et vertueuse Irène, que les Annalistes comparent à Anastasie ; on n’avait pas alors d’autre objet de comparaison quand on voulait exprimer la réunion de toutes les vertus du sexe. On connaissait également l’empire qu’avait Irène sur Fédor, qui n’aimait peut-être réellement que sa femme au monde. Cependant Godounoff paraissait avoir livré son ami ; et l’on se réjouissait de sa faiblesse ou de sa timidité, sans penser que son amitié pour Belsky, pouvait n’être que feinte ; et que redoutant en lui un compétiteur, il avait profité de cette circonstance pour affermir son pouvoir. Fédor, en effet, prince débonnaire, accablé sous le poids de son sceptre, encore effrayé de l’émeute dont il venait d’être témoin, sentait la nécessité d’employer des mesures sévères pour conso-