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mentaient cette absurde calomnie, et affirmaient que le jeune Tsarévitche montrait un esprit et des qualités dignes d’un fils de Souverain (127). On en parlait avec une compassion mêlée de crainte ; car on devinait les dangers que courait ce malheureux enfant, et l’on ne se trompa point sur le but de ces calomnies. Si Godounoff avait jamais eu à lutter contre sa conscience, elle était déjà vaincue ; ayant préparé la crédulité à apprendre sans frémir le crime qui allait se commettre, il tenait en mains le poison et le fer pour Dmitri, et ne cherchait plus que le meurtrier auquel il devait les remettre.

La confiance et la franchise peuvent-elles s’accorder avec un projet aussi odieux ? Cependant Boris avait besoin d’aides ; il s’ouvrit donc à ses proches ; mais l’un d’eux, le grand Maréchal Grégoire Godounoff, ayant répandu des larmes, arrachées par la pitié, l’humanité et la crainte de Dieu, on l’éloigna du Conseil. Tous les autres pensèrent que la mort de Dmitri était indispensable à la sécurité du Régent et au bien de l’État. On commença par le poison, La gouvernante du Tsarévitche,