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cesseur de Fédor. Godounoff recourut dont au moyen le plus sur pour écarter un compétiteur. Il se préparait une excuse dans les bruits, répandus sans doute par ses amis, sur les inclinations perverses et cruelles de Dmitri, dans un âge encore tendre. On disait tout haut à Moscou (et par conséquent sans crainte d’offenser le Tsar ni le Régent), que cet enfant, qui n’avait encore que six ou sept ans, était une image vivante de son père ; qu’il aimait le sang et le spectacle des tortures ; qu’il prenait plaisir à voir tuer les animaux, et les tuait lui-même. On voulait, par ces mensonges, exciter la haine du peuple contre Dmitri. On en inventa un autre pour effrayer les Grands : on disait que le Tsarévitche, jouant un jour sur la glace avec d’autres enfans, ordonna de faire avec de la neige vingt figures humaines, leur donna le nom des premiers hommes de l’État, et après les avoir fait placer en rang, commença à les sabrer ; il trancha la tête au simulacre de Boris Godounoff ; à d’autres, il coupa les mains et les pieds, en disant : « Voilà le sort qui vous attend lorsque je régnerai (126) ». Cependant d’autres dé-