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tend… Mais ils se turent tout-à-coup comme effrayés de ce qu’ils prévoyaient encore. L’impatient Boris leur ordonna d’achever leur prédiction, et il apprit qu’il ne régnerait que sept ans ; transporté de la joie la plus vive, il embrassa les Devins, en s’écriant : ne fut-ce que sept jours, pourvû que je règne » ! Comme si Boris avait pu dévoiler aussi indiscrètement les sentimens de son âme à ces prétendus sages d’un siècle superstitieux ! Au moins il ne se cachait plus à lui-même ; il savait ce qu’il voulait ! Il attendait la mort d’un Souverain sans postérité ; il disposait de la volonté de la Tsarine ; il avait rempli le Conseil, la Cour et les Tribunaux, de ses parens et de ses amis, et ne doutait pas du dévouement de l’illustre Hiérarque de l’Église ; il comptait aussi sur l’éclat de son gouvernement, et inventait de nouvelles ruses pour s’emparer de l’amour ou de l’imagination du peuple. Boris, après avoir ainsi tout préparé, ne s’effrayait point d’une circonstance sans exemple dans notre patrie, depuis Rurik jusqu’à Fédor : la vacance du trône par l’extinction de la race Souveraine. Il ne redou-