Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome X, 1826.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était détesté, comme premier favori d’Ivan. On connaissait déjà les qualités éminentes de Boris Godounoff ; et on ne l’en redoutait que plus, parce qu’il avait su se concilier aussi la faveur particulière du tyran, qu’il était le gendre de l’odieux Malouta Skouratoff, et enfin l’allié et l’ami apparent de Belsky. Dès la première nuit (18 mars), le Conseil suprême ayant pris les rênes du gouvernement, bannit de la capitale plusieurs des créatures d’Ivan, ministres connus de ses cruautés ; d’autres furent mis en prison (2). Les Nagoï, parens de la douairière, furent gardés à vue. On leur supposa des projets criminels, probablement celui de vouloir faire déclarer le jeune Dmitri, successeur d’Ivan.

Émeute populaire. Moscou était dans une grande agitation, mais les Boyards y rétablirent la tranquillité : ils prêtèrent solennellement serment à Fédor, ainsi que tous les autres dignitaires de l’État, et publièrent le lendemain, par un manifeste, son avénement au trône. Des détachemens de troupes parcouraient les rues, et les canons étaient braqués sur toutes les places (3).