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1587-1592. nous craignions de retrouver en lui un autre Gédimin, un autre Vitoft ; et la Pologne et la Lithuanie ingrates, préféraient une tranquillité qui ne leur coutait rien, à une gloire onéreuse. Si Bathori, avec le génie dont il était doué, avait survécu à Godounoff, les dix premières années du nouveau siècle auraient peut-être vu s’évanouir pour jamais la grandeur de la Russie, tant le sort des États dépend des individus et des circonstances !

Le 20 décembre le Conseil des Boyards reçut de différens endroits le nouvelle de la mort de Bathori, quoiqu’elle ne fut pas encore officielle. Nos Voïévodes, qui se trouvaient sur la frontière de la Lithuanie, l’écrivaient au Tsar comme un simple bruit, en ajoutant que les seigneurs Polonais songeaient à choisir pour leur Roi, ou le frère d’Étienne, prince de Transylvanie, ou le fils de Sigismond, roi de Suède, ou bien lui-même Fédor. Godounoff vit aussitôt l’honneur et l’avantage qu’offrirait la réunion des trois couronnes. On envoya sur-le-champ en Lithuanie le gentilhomme Rjevsky, afin de s’assurer de la mort d’Étienne, de témoigner aux Seigneurs la part