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plices de cette manœuvre, se contenta d’une seule victime. La malheureuse princesse Mstislafsky, rivale dangereuse d’Irène, fut contrainte à prendre le voile.

Tout était tranquille dans la capitale, au Conseil et à la Cour ; mais cet état de choses ne dura pas long-temps. Pour ne point violer ouvertement sa parole, Godounoff, chercha un autre prétexte de vengeance. Il se justifiait à ses propres yeux en songeant à la haine irréconciliable de ses ennemis, à la nécessité d’assurer, avec son propre salut, le salut de l’État, enfin, en se rappelant tous les services qu’il avait rendus à la Russie, et tous ceux que, dans son zèle pour sa prospérité, il projettait de lui rendre encore. Il chercha et ne rougit pas d’employer un moyen vil et bas, l’arme usée de la tyrannie d’Ivan, de fausses dénonciations. On raconte qu’un serviteur des Schouisky, lui vendant son honneur et sa conscience, se présenta au palais, en les accusant d’avoir tramé un complot avec les marchands de Moscou, et de songer à trahir le Tsar (77). Les Schouisky furent arrêtés, de même que leurs amis, les princes Tateff, Ou-