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An 1584. « Les premiers jours qui suivent la mort d’un tyran, dit Tacite, sont les plus heureux pour les peuples ». En effet, cesser de souffrir est une des plus douces jouissances que l’homme puisse éprouver. Mais un règne cruel prépare souvent un règne faible. Le nouveau souverain, pour ne pas ressembler à son odieux prédécesseur, et pour se concilier l’amour du peuple, tombe facilement, par excès contraire, dans un relâchement funeste à l’état. Qualités de Fédor. C’est ce que pouvait faire appréhender aux vrais amis de la patrie, le caractère connu de l’héritier d’Ivan. Ce prince joignait à une extrême douceur, un esprit craintif, une piété excessive, et la plus profonde indifférence pour les grandeurs. Sur ce trône, d’où un tyran avait lancé la foudre, la Russie voyait monter un prince entièrement voué aux austérités des cloîtres, formé plutôt pour la vie monastique que pour le