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1547—1550.
Opérations militaires.
Toutes ces vues importantes, irrévocables preuves du génie d’un souverain, s’accomplissaient au bruit des armes et dans le sein de la victoire, dont le concours était devenu indispensable pour assurer la prospérité de la Russie. Il était temps de réprimer l’audace des barbares, qui, profitant de la minorité du prince et des dissensions des boyards, avaient tellement désolé nos frontières, que, jusqu’à deux cents verstes de Moscou, toutes les contrées du sud au nord-est étaient couvertes de cendres et d’ossemens humains. Il n’était pas un village, pas une famille qui n’eût quelque perte à déplorer.

Guerre contre Kazan. Jean, âgé alors de dix-sept ans, passionné pour la gloire, ambitieux de se mesurer avec l’ennemi le plus voisin et le plus dangereux, partit de Moscou, au mois de décembre, à la tête d’une armée qu’il conduisait contre Kazan. Cette campagne devait mettre sa fermeté à l’épreuve. Méprisant les frimats, il s’était préparé à supporter le froid et les ouragans ordinaires dans cette saison ; mais, au lieu de neige, il tomba une pluie continuelle, et les équipages, les canons, enfonçaient dans les boues. Le 2 février, le tzar qui avait passé la nuit à Elna, à quinze verstes de Nijni, arriva dans l’île de Robotka. Tout à coup les glaces du Volga, couvertes d’eau, se