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1547—1551. souverain, on intima également aux évêques et aux monastères, la défense d’acquérir des domaines sans le consentement du tzar ; car Jean prévoyait, avec beaucoup de discernement, qu’au moyen de ces acquisitions, le clergé finirait par s’approprier la plus grande partie des immeubles de la Russie, ce qui pourrait nuire à la société et corrompre la moralité des moines. En un mot, ce concile mémorable, par l’importance de son but, fut plus célèbre que tous ceux tenus auparavant à Kief, à Vladimir et à Moscou.

Projet d’éclairer la Russie. Au nombre de ces projets vraiment dignes d’un grand prince, on doit placer l’intention que manifesta le tzar d’enrichir la Russie du produit des arts étrangers. Un saxon, nommé Schlit, étant à Moscou en 1547, apprit la langue russe ; et, comme il avait accès auprès de Jean, il l’entretint du progrès qu’avaient fait, en Allemagne, les sciences et les arts inconnus à la Russie. Le prince l’écoutait attentivement ; il l’interrogea avec curiosité, et lui proposa de se rendre en Allemagne, comme envoyé de la Russie, pour faire venir à Moscou non-seulement des artistes, des médecins, des apothicaires, des imprimeurs et des artisans, mais aussi des gens versés dans les langues mortes ou vivantes, et même des théologiens. Schlit accepta cette mission,