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Discours de Jean, dans la place publique.
1547—1550.
villes de l’empire reçurent l’ordre d’envoyer à Moscou des personnes choisies dans tous les rangs, dans tous les états, à l’occasion d’une affaire de grande importance pour la patrie. Lorsqu’elles furent rassemblées, le dimanche après la messe, le tzar sortit du Kremlin, accompagné du clergé et des boyards, pour se rendre sur la place des exécutions, où le peuple se tenait dans un profond silence. Aussitôt que la prière fut terminée, Jean s’adressa en ces termes au métropolitain : « Saint Père ! votre zèle pour la vertu, votre amour pour la patrie, me sont connus ; secondez mes bonnes intentions ! J’ai perdu trop jeune mes parens, et les grands qui n’aspiraient qu’à la domination, n’ont eu aucun soin de ma personne ; ils ont usurpé, en mon nom, les charges et les honneurs ; ils se sont enrichis par l’injustice ; ils ont accablé le peuple sans que personne osât mettre un frein à leur ambition. J’étais comme sourd et muet dans ma déplorable enfance ; car je n’entendais pas les lamentations des pauvres, et mes paroles n’adoucissaient pas leurs maux. Vous vous livriez alors à vos caprices, sujets rebelles, juges corrompus ! Comment parviendrez-vous maintenant à vous justifier ? Que de larmes n’avez-vous