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Le prince Skopin-Schouisky et ses complices, véritables auteurs de cette émeute, avaient soulevé le peuple dans l’espérance de s’emparer de l’esprit du tzar, après le renversement des Glinsky ; mais ils se trompèrent dans leurs calculs, et, bien que Jean les traitât avec clémence, soit en considération de son confesseur et des oncles de son épouse, ou faute de preuves convaincantes ; soit qu’il abandonnât au jugement de Dieu cette action qui, abstraction faite des criminels moyens employés, avait satisfait la haine générale qui existait contre les Glinsky, cependant la domination turbulente des boyards fut entièrement détruite et remplacée par le pouvoir absolu d’un prince corrigé des caprices de la tyrannie. Pour consolider, par le secours de la religion, l’heureux changement opéré dans le gouvernement ainsi que dans son cœur, le tzar se confina, pour quelques jours, dans une pieuse solitude consacrée au jeûne et à la prière ; ensuite il fit venir les évêques, témoigna en leur présence le plus touchant repentir de ses fautes ; et après l’absolution sacramentelle, il s’approcha de la sainte table avec le calme d’une bonne conscience ; son jeune cœur éprouvait le besoin de dévoiler aux yeux de la Russie entière la vertueuse ardeur dont il était embrasé : en conséquence toutes les