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autre homme ; baigné des larmes du repentir, il tendit la main à son courageux précepteur, lui demanda, d’une voix attendrie, la force de devenir vertueux, et le ciel combla ses désirs  ! L’humble religieux n’exigeant ni illustration, ni honneurs, ni richesses, se plaça près du trône pour affermir, pour encourager le jeune souverain dans la bonne voie, et se lia intimement avec Alexis Adachef, l’un des favoris de Jean. Ce jeune homme, du plus bel extérieur, est dépeint comme une créature céleste, dont l’âme était pure et sensible, le caractère excellent et l’esprit aussi agréable que solide. Porté au bien sans aucun motif sordide, il avait recherché la faveur de Jean, plutôt pour l’intérêt de la patrie que pour le sien propre, et le tzar trouva en lui un trésor inappréciable pour un souverain, un ami vertueux et dévoué qui pouvait lui faire mieux connaître les hommes, la situation vraie de l’État, et lui donner à ce sujet des détails aussi exacts qu’étendus ; car, des hauteurs du trône, un souverain ne saurait, dans l’éloignement, distinguer les individus et les choses que sous un point de vue trompeur ; tandis qu’un homme, à la fois son ami et son sujet, placé dans la même région que le peuple, est à portée de lire plus efficacement dans les cœurs, et de considérer les objets d’une