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sur la grande place, et leur demandèrent quels étaient les auteurs de l’embrasement de la capitale ? Plusieurs voix répondirent : « Les Glinsky ! les Glinsky ! La princesse Anne, leur mère, a arraché le cœur des morts, et parcourant les rues de Moscou, elle les a aspergées de sang ; voilà la cause de l’incendie ! » Cette fable inventée et répandue parmi le peuple par les conspirateurs, ne pouvait être admise par les gens sensés, mais ils gardaient le silence ; car les Glinsky s’étaient attirés la haine générale. Plusieurs d’entre eux, et les boyards eux-mêmes, excitaient l’irritation du peuple. La princesse Anne, aïeule maternelle de Jean, se trouvait alors, avec son fils Michel, dans ses terres de Rjef. Youri, son autre fils, qui était sur la place du Kremlin, dans le cercle des boyards, consterné de cette absurde accusation, et voyant la fureur du peuple, alla chercher un refuge dans la basilique, où le peuple se précipita après lui, et cet asile sacré fut souillé d’un forfait jusqu’alors inconnu à Moscou. Sans respect pour la sainteté du lieu, les séditieux massacrèrent l’oncle de leur monarque ; puis ayant traîné son cadavre hors du Kremlin, ils le transportèrent sur la place des exécutions, pillèrent tout ce qui appartenait aux Glinsky, et mirent à mort un grand nombre de