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1547. larmes, et tourner ses regards vers le ciel. » Il ne restait à ces malheureux aucune espèce de consolation. Le tzar et les grands, pour ne pas être témoins de la désolation du peuple, s’étaient éloignés et habitaient le village de Vorobief. Jean ordonna de reconstruire promptement le Kremlin ; les riches s’empressèrent aussi de faire rebâtir leurs palais ; mais les pauvres ne pouvaient relever leurs habitations, et les ennemis des Glinskys surent, avec adresse, profiter de cette circonstance. Le confesseur de Jean, le prince Scopin-Schouisky, le boyard Jean Féodorof, le prince Youri Temkin, Nagoï et Grégoire Zakharin, oncles de la tzarine, formèrent une conspiration, et le peuple, que le malheur disposait aux excès, à la révolte, s’empressa de servir d’instrument à l’exécution de leurs desseins.

Émeute populaire. Quelques jours après ce désastre, le monarque, accompagné des boyards, alla rendre visite au métropolitain ; son confesseur, Skopin-Schouisky et leurs principaux complices, déclarèrent à Jean que l’incendie de Moscou provenait des sortiléges employés par quelques scélérats. Le tzar étonné ordonna aux boyards d’approfondir cette affaire, et ceux-ci s’étant rendus, deux jours après, au palais du Kremlin, rassemblèrent les habitans