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gagna de tous les côtés avec une effrayante rapidité, et le Kremlin, les rues environnantes, le grand faubourg, devinrent en peu d’instans la proie des flammes. La ville entière présentait l’aspect d’un immense bûcher embrasé, couvert d’une fumée noire et épaisse. Les édifices en bois disparurent entièrement ; ceux en pierres ne présentaient plus que des décombres ; le fer étincelait comme dans une fournaise, et la force de la chaleur avait liquéfié le cuivre : le mugissement de la tempête, l’écroulement des édifices, les cris de désolation du peuple, étaient, de momens à autres, étouffés par l’explosion des poudres déposées au Kremlin et dans quelques parties de la ville. Les palais du tzar, le trésor, les choses précieuses, les armes, les images, les archives, les livres et jusqu’aux saintes reliques, tout fut détruit dans l’embrasement de Moscou !…… Le métropolitain, presque étouffé par la fumée, était encore en prières dans la basilique de l’Assomption ; on fut obligé d’employer la force pour l’en faire sortir, et, comme il ne restait plus d’autre moyen de le sauver, que de le faire glisser le long d’une corde à nœuds jusqu’à la Moskva, on parvint à l’y décider ; mais n’ayant pas la force de se soutenir, il fit une chute tellement dangereuse qu’il fallut le transporter, à demi-