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soumis à la volonté des seigneurs ; il ignorait qu’un souverain n’est indépendant que lorsqu’il est vertueux. Jamais la Russie ne fut aussi mal gouvernée : les Glinsky, ainsi que leurs prédécesseurs, faisaient toutes leurs volontés, au nom du jeune tzar. Comblés d’honneurs et de richesses, ils voyaient avec une coupable indifférence les injustices commises chaque jour par d’infidèles dépositaires de l’autorité, et pourvu qu’ils fussent assurés de leur soumission, ils s’inquiétaient peu si ceux-ci observaient les devoirs de leurs charges. Celui qui savait intriguer auprès des Glinsky, et plier bassement devant leur volonté, pouvait impunément opprimer le peuple ; et il suffisait d’être leur valet pour dominer en Russie. Les gouverneurs n’avaient rien à redouter, et malheur aux opprimés qui osaient porter leurs plaintes jusqu’aux pieds du trône ! C’est ainsi que les citoyens de Pskof, réunis les derniers à l’empire, et par cette raison plus hardis que les autres, adressèrent au nouveau tzar (en 1547) des plaintes contre leur gouverneur, le prince Tourountaï-Pronsky, favori des Glinsky. Jean se trouvait alors dans le village d’Ostrof. Soixante-dix porteurs de suppliques se présentèrent devant lui pour lui exposer des griefs dont ils offraient de fournir les preuves.