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1547. s’humiliait devant lui dans le palais des tzars, ainsi qu’elle l’avait fait dans la triste habitation d’une mère privée de son époux. Les réjouissances de la cour étant terminées, Jean se transporta à pied, avec la princesse, au monastère de Troïtzky, où ils passèrent ensemble la première semaine du grand carême, priant chaque jour sur la tombe de S. Serge.

Vices de Jean et mauvaise administration de l’État. Cependant ni ces actes de dévotion, ni l’amour sincère qu’il portait à sa vertueuse épouse, ne furent capables de calmer l’âme ardente et inquiète de Jean ; il s’abandonnait souvent aux transports de la plus violente colère, et, habitué d’ailleurs à une oisiveté bruyante, il ne recherchait que des amusemens grossiers et indignes d’un prince. Si quelquefois il se plaisait à se montrer en souverain, ce n’était point par les actes d’une sage administration, mais seulement pour ordonner d’injustes châtimens ou pour satisfaire ses nombreux caprices ; il distribuait des récompenses avec autant de légèreté qu’il ordonnait des confiscations, et s’il accordait sa faveur à de nouveaux favoris, c’était pour avoir le plaisir de repousser les anciens. Il se persuadait que les décisions arbitraires serviraient à prouver son indépendance, tandis qu’en négligeant les soins de son empire, il se trouvait, par le fait,