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1547.
15 février.
« Vous voilà aujourd’hui, en vertu des mystères de la sainte Église, unis à jamais. Prosternez-vous donc ensemble devant le Très-Haut, et vivez dans la pratique des vertus ; mais celles qui doivent vous distinguer surtout, sont l’amour de la vérité et la bonté. Prince, aimez et honorez votre épouse ; et vous, tzarine vraiment chrétienne, soyez soumise à votre époux ; car, comme le saint crucifix représente le chef de l’Église, de même l’homme est aussi le chef de la femme. Remplissez avec zèle les Commandemens de Dieu, et faites fleurir la prospérité de Jérusalem, et la paix dans Israël. » Tout étant terminé, les jeunes époux se montrèrent aux regards du peuple, et la rue du Kremlin retentit de mille bénédictions. Plusieurs jours se passèrent en fêtes et en réjouissances, à la cour ainsi qu’à la ville. Les riches étaient comblés des bienfaits du tzar ; la tzarine prenait soin des pauvres. Anastasie, depuis la mort de son père, avait été élevée loin du monde et au sein de la tranquillité ; elle se voyait tout à coup transportée comme d’une manière surnaturelle, sur le théâtre des grandeurs humaines ; mais, malgré le changement de sa situation, son âme ne se livra point aux suggestions de l’orgueil ; en rapportant tout à Dieu, elle