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1546. que préalablement on détrônât Safa-Ghireï, et qu’on le mît en prison. À la suite d’une sédition qui, en effet, éclata à Kazan, Safa-Ghireï prit la fuite, et plusieurs seigneurs tauriens furent massacrés par le peuple. Schig-Alei remonte sur le trône de Kazan. Il s’enfuit de cette ville. Le conseil, les houlans et les princes, ainsi que tous les dignitaires de Kazan, après avoir juré de rester fidèles à la Russie, accueillirent de nouveau Schig-Alei, qui fut solennellement replacé sur le trône par les princes Dmitri Belzky et Paletzky ; il y eut à cette occasion des fêtes brillantes et des réjouissances qui se terminèrent par de nouvelles trahisons. On aurait dit que pressentant la ruine prochaine et inévitable de leur puissance, les principaux seigneurs de Kazan, aveuglés par mille passions, et frappés d’un esprit de vertige, ne savaient plus sur quoi fixer leurs désirs ; car s’ils consentaient à reconnaître un tzar, c’était pour dominer en son nom, mais non pas pour se soumettre à son autorité, le traitant d’ailleurs comme un prisonnier, et ne lui permettant ni de sortir de la ville, ni de se montrer au peuple ; le palais, où ils passaient leur vie dans les festins, retentissait de leurs clameurs et du bruit de leurs armes : ils buvaient dans les coupes d’or du tzar et se les appropriaient ensuite ; les serviteurs fidèles de Schig-Alei furent renfermés,