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sans approfondir cette affaire, il les condamna à avoir la tête tranchée, déclarant que les excès qu’ils avaient commis sous le gouvernement des boyards, leur avaient depuis long-temps mérité ce supplice. En rendant témoignage de leur innocence, les annalistes ajoutent que Voronzof n’eut d’autre tort que d’avoir aspiré au rang de premier boyard, et de n’avoir pu souffrir que le grand prince accordât de grâces à personne sans qu’il en fût instruit. Voronzof contribua puissamment à la ruine des Schouisky ; il fut l’ennemi de Koubensky, et cependant cet infortuné favori laissa comme eux la tété sur un échafaud !…. C’est ainsi que les nouveaux grands, conseillers ou compagnons du jeune prince, l’habituèrent à traiter avec une effrayante légèreté les affaires du ressort de la justice, et parvinrent ainsi à le rendre cruel, à en faire un tyran. Ils ne prévoyaient pas que, comme les Schouisky, ils préparaient leur propre perte ; car loin de détourner le jeune monarque des sentiers du vice, les uns et les autres l’y entraînaient, n’ayant d’autre but que de conserver entre leurs mains le souverain pouvoir, au lieu de s’occuper à en faire chérir les bienfaits.

Les relations politiques avec les autres puissances se traitaient d’une manière honorable