Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome VIII, 1820.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1544—1546. le prince Youri Temkin, le boyard Golovin et plusieurs autres dignitaires ; quant à Jean Koubensky, cousin du grand prince, il fut privé de la liberté : il était intimement lié avec les Schouisky, quoique d’ailleurs distingué par son esprit et la douceur de son caractère : il fut envoyé à Péreiaslavle avec sa femme, et renfermé dans la même prison où l’infortuné André d’Ouglitch avait gémi avec ses enfans. Bouterlin, officier attaché à la cour, subit un supplice inventé par la barbarie : accusé d’avoir tenu des propos outrageans, on lui coupa la langue devant la prison, et en présence du peuple. Le grand prince ayant, après cinq mois, rendu la liberté à Koubensky, ne tarda pas à le remettre au ban de l’empire ainsi que les princes Pierre Schouisky, Gorbatof, Dmitri Paletzky et même son favori Féodor Voronzof. Cependant l’intercession du métropolitain, leur obtint un pardon qui ne fut pas de longue durée. Le bruit se répandit que le khan de Krimée se préparait à marcher contre la Russie. Son fils Ymin avait, quelques mois auparavant, dévasté, sans nulle opposition, les districts d’Odoef et de Belef ; car nos voïévodes, occupés de leurs disputes sur l’ancienneté, n’avaient pas fait le moindre mouvement pour repousser l’ennemi.

Le grand prince, à peine adolescent, prit