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la Russie entière attendait ses ordres. Il est probable que le prudent métropolitain, mécontent des violences des Schouisky, se détacha de leur parti, et qu’il donna le même conseil à Jean. Ce projet se mûrit dans le plus profond secret, et la cour paraissait livrée à une parfaite tranquillité. En automne le grand prince se rendit, suivant l’usage, au couvent de Saint-Serge pour y faire ses dévotions, et partit ensuite pour Volok-Lamski avec les principaux seigneurs, afin d’y jouir des plaisirs de la chasse ; il célébra gaiement les fêtes de Noël, 1543.
29 décembre.
puis faisant appeler inopinément les boyards, pour la première fois il se montra impérieux et menaçant : il leur déclara, avec fermeté, qu’ils avaient abusé de son extrême jeunesse, en agissant contre les lois ; qu’ils avaient arbitrairement fait exécuter des sentences de mort, livré le pays au pillage ; qu’enfin il y avait beaucoup de coupables, Chute des Schouisky. mais qu’il se contenterait de faire mourir le prince André Schouisky, premier conseiller de cette tyrannique oligarchie, et le plus criminel d’entre eux. À l’instant on se saisit de lui, et il fut livré, comme victime, aux conducteurs des chiens, qui, en pleine rue, le firent mettre en pièces par ces animaux. Les Schouisky et leurs partisans, atterrés par cet acte d’autorité, gardèrent un morne silence ; mais le