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espéraient effacer le souvenir de leur audace en satisfaisant de pernicieuses fantaisies, et basaient leurs calculs sur l’inconstance d’un enfant entouré sans cesse de nouvelles distractions. Les Schouisky voulaient que le souvenir de leur complaisance fit oublier au grand prince ses mécontentemens contre eux : mais le contraire arriva ; car il savait déjà comprendre que la puissance qu’ils avaient usurpée n’appartenait qu’à lui. Cependant les cabales redoublaient au palais du Kremlin, à mesure que le grand prince avançait vers l’âge de raison ; la position des boyards dominans devenait de jour en jour plus embarrassante, et le nombre de leurs ennemis augmentait sans cesse. Les plus puissans d’entre eux étaient les princes Youri et Michel Glinsky, oncles de Jean, seigneurs vindicatifs, envieux et remplis d’ambition. Ils surent, malgré la vigilance des Schouisky, insinuer au grand prince, âgé alors de treize ans, et encore chagrin de l’exil de Voronzof, Conspiration contre les principaux dignitaires. qu’il était temps de manifester sa souveraine puissance et de renverser les ravisseurs du pouvoir, qui opprimaient le peuple, soumettaient les boyards à leur tyrannie, insultaient enfin au monarque lui-même, en menaçant de la mort ceux auxquels il daignait témoigner de l’amitié. Ils ajoutaient qu’il ne s’agissait que de déployer de l’énergie, et que