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lui ôter la vie, lorsque le jeune souverain, frappé d’épouvante, supplia le métropolitain de sauver cet infortuné. Celui-ci, ainsi que le boyard Morozof, leur parlèrent alors au nom du grand prince, et les Schouisky, comme s’ils lui accordaient une grâce, promirent de laisser la vie à Voronzof ; mais ces furieux continuèrent à le frapper, et l’ayant traîné sur la place du palais, ils ordonnèrent de le jeter dans un cachot. Jean les fit prier une seconde fois, par le métropolitain et les boyards, d’envoyer Voronzof à l’armée de Kolomna, si on ne pouvait lui permettre de rester à Moscou, et de s’approcher de la cour. Les Schouisky rejetèrent cette proposition, et le grand prince fut obligé de confirmer l’arrêt qu’ils portèrent contre lui : il fut envoyé avec son fils à Kostroma. Pour donner une idée de l’insolence des seigneurs en cette circonstance, les annalistes rapportent que le boyard Golovin, l’un d’eux, discutant avec le métropolitain, marcha sur sa robe et la déchira en signe de mépris.

Ces coupables violences d’un despotisme grossier, et les passions déréglées de ceux qui gouvernaient l’État, devaient accélérer un changement désiré par le peuple et les ennemis des Schouisky. Jean venait d’accomplir sa treizième année. Né avec une âme ardente, une pénétra-