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à son farouche compétiteur, qui, du consentement des boyards, le fit mettre à mort, sans que le grand prince en eût été instruit. Trois scélérats consommèrent le crime dans la prison du malheureux prince. D’après le jugement des contemporains, Belzky avait de la grandeur d’âme ; il était intrépide à la guerre, et chrétien éclairé. Dans les deux guerres où il commanda l’armée contre Kazan, son amour peut-être exagéré pour la paix, le fit soupçonner de s’être laissé séduire par les présens de l’ennemi ; mais la gloire qu’il sut acquérir dans les dernières années de sa vie, servit à le justifier dans l’opinion du peuple.

La Russie connaissait déjà le caractère de Schouisky ; elle savait qu’on ne pouvait rien attendre de bon, ni de sage d’un gouvernement dont le chef n’était point animé d’un véritable zèle pour le bien de l’État, et son unique espérance reposait sur le prompt anéantissement d’un pouvoir si illégitimement acquis. Le conseil n’éprouva aucun changement, si ce n’est que quelques uns de ses membres virent augmenter leur influence en proportion des rapports qui existaient entre eux et les Schouisky, tandis que les autres perdaient de jour en jour celle qu’auparavant ils avaient possédée. Le prince Dmitri