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l’envie, ce poison de la société, et surtout des cours, préparait ses dangereuses attaques. Ici notre histoire retrace le danger de la magnanimité, comme pour justifier les ambitieux cruels et vindicatifs, qui ne laissent à leurs ennemis d’autre paix que celle des tombeaux. Le prince Belzky, délivré par le métropolitain et les boyards, aurait pu renfermer Schouisky dans la prison d’où il venait de sortir, car il était maître de lui ravir la liberté et la vie ; mais il méprisait une impuissante fureur, et comme il estimait ses talens militaires, il le plaça même à la tête des armées ; ce que nous pourrions considérer comme un abus de générosité, si ces procédés avaient été dictés par les passions et non par l’impulsion d’un cœur vertueux. Schouisky, en cédant avec colère à la puissance de son imprudent compétiteur, n’eut plus d’autre vue que la vengeance. Les princes Michel, Jean Koubensky, Dmitri Paletzky et le trésorier Tretiakof, tous boyards distingués, se liguèrent avec lui pour détruire Belzky et le métropolitain, liés d’amitié, et sans doute aussi par l’amour ardent que tous les deux avaient pour la patrie. Il paraît qu’aucun prétexte, même spécieux, ne fut mis en avant, et que les conspirateurs ne voulaient autre chose que renverser le chef du gouverne-