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l’opinion des contemporains qui, considérant Sahib-Ghireï comme un nouveau Mamaï, comme un autre Tamerlan, voyaient, dans sa fuite, l’événement le plus glorieux pour la Russie. Mais ils ne songeaient pas à l’avenir ; car ce qui venait d’arriver pouvait se renouveler encore, et la Russie, bien que déjà puissante, n’en restait pas moins exposée à des irruptions soudaines et désastreuses. Lorsque l’on avait le temps de se mettre en état de défense, nous finissions par chasser l’ennemi ; mais les villages étaient déserts, et par la perte de ses habitans, l’État se voyait privé de la plus précieuse de ses richesses. Ce n’est que par l’expérience des siècles que l’on parvient à créer un système fixe relativement aux mesures de défense indispensables à la sûreté d’un État.

Le prince Belzky, l’âme du gouvernement, était parvenu au plus haut degré de la fortune, soutenu par la bienveillance particulière du jeune souverain, dont les facultés morales se développaient de jour en jour, par sa proche parenté avec lui, par les succès de la guerre, enfin par des œuvres d’humanité et de justice. Le calme de sa conscience et la satisfaction du peuple étaient la récompense de sa conduite ; mais la méchanceté ourdissait de secrètes machinations,