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1541. comme de bons frères, et, dans l’enthousiasme généreux qui enflammait leurs cœurs, jurer de vaincre ensemble ou de perdre la vie sur les bords de l’Oka. Ils sortirent de la tente où ils s’étaient rassemblés, pour communiquer à l’armée la lettre de Jean, et haranguèrent les troupes avec le profond sentiment de vertu dont ils étaient pénétrés. L’effet en fut inexprimable. D’une voix unanime les guerriers s’écrièrent : « Oui, pour le grand prince, nous viderons la coupe de la mort avec les Tatars. Restez unis, ô pères de la patrie, et nous marcherons avec ardeur contre les infidèles ! »

30 juillet. Déjà le khan était parvenu jusqu’à l’Oka, et son armée couronnait les hauteurs qui bordent le fleuve. La rive opposée était occupée par les troupes légères moscovites, sous le commandement des princes Jean Tourountaï Pronsky et Vassili Okhlebin de Yaroslavle. Les Tatars s’imaginant qu’ils voyaient toute l’armée, lancèrent des radeaux, et protégés par l’artillerie et le feu de la mousqueterie des Turcs, ils voulurent forcer le passage. Les Russes, qui ne faisaient usage que de flèches, furent d’abord ébranlés, et il y eut quelque confusion dans leurs rangs ; mais les princes Mikoulinsky et Obolensky ayant eu le temps de les soutenir, ils tinrent ferme.