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rivés de tous les points, se portaient sur Serpoukof, Kalouga, Toula et Rézan. 28 juillet. Nos hardis éclaireurs rencontrèrent enfin le khan aux environs du Don, et reconnurent son armée, dont les innombrables files couvraient au loin les stepps. Sahib, déjà en de-çà du fleuve, s’approcha de Zaraïsk ; mais il ne put s’emparer de cette forteresse, défendue par Nazar-Glébof, qui le repoussa avec une rare valeur.

Tandis que nos troupes occupaient les positions de l’Oka, un spectacle des plus touchans fixait l’attention des citoyens de la capitale : le jeune grand prince, âgé de dix ans, prosterné, avec son frère Youri, devant l’image de la Ste.-Vierge de Vladimir et la châsse du métropolitain Saint-Pierre, invoquait le Tout-Puissant dans l’église de l’Assomption, et le suppliait de sauver la patrie. Il proférait, en versant des larmes, ces paroles que le peuple pouvait entendre : « Mon Dieu, toi qui défendis un de mes aïeux contre le cruel Tamerlan, prends-nous aussi sous ta sainte garde, jeunes et orphelins que nous sommes ! Notre esprit et nos bras sont encore sans vigueur, et cependant la patrie attend de nous sa délivrance. » Il se rendit au conseil accompagné du métropolitain, et s’adressant aux boyards rassemblés, il leur dit : « L’en-