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1539. dont ils paraient leurs femmes ; ils glissaient des cendres chaudes mêlées à des charbons ardens dans les bottes des religieux, et les forçaient, malgré la douleur, à danser devant eux. Ils violaient les jeunes nonnes, crevaient les yeux, coupaient le nez et les oreilles, les mains et les pieds à ceux qu’ils n’entrainaient pas en captivité ; mais de toutes ces choses, la plus horrible, c’est que beaucoup de chrétiens adoptèrent leur croyance, et que ces misérables renégats persécutaient les fidèles avec autant d’acharnement que leurs féroces ennemis. Ce que j’écris, je ne l’ai pas entendu dire, mais je l’ai vu de mes propres yeux, et je n’en perdrai jamais le fatal souvenir. » Que faisaient alors les boyards chargés du gouvernement ? Ils se contentaient de se faire un mérite auprès du khan de la patience qu’ils manifestaient, déclarant que les Kazanais déchiraient la Russie, au lieu de s’occuper des mesures vigoureuses, indispensables pour la défense de notre territoire. Tous leurs désirs avaient pour but une paix qu’ils ne pouvaient cependant obtenir ; et ils reconnurent l’inutilité de l’alliance qu’ils venaient de conclure avec Sahib-Ghireï ; car, à l’instant même où les ambassadeurs du khan étaient à Moscou, son fils Ymin, à la tête