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1539. russe, la perte énorme qui en résultera pour toi, ne tournera-t-elle pas à mon profit ? Je ne sais pas dissimuler, parce que j’ai le sentiment de ma force, et je te préviens, parce que d’habitude j’exécute ce que j’annonce. Où veux-tu me voir ? Est-ce à Moscou ou sur l’Oka ? Songe que je n’y viendrai pas seul, mais accompagné du grand Soliman, de celui qui a subjugué l’univers d’orient en occident, et que c’est moi qui lui indiquerai la route de ta capitale. Mais toi, quel mal pourrais-tu me faire ? Malgré la haine qui t’anime, tu ne mettras jamais le pied sur mes terres. » Jean III, Vassili et Hélène, tout en faisant quelques concessions à l’avidité du khan, avaient su, par une noble fierté, le maintenir dans les justes bornes de la modération ; mais la souveraineté des Schouisky se distingua particulièrement par la faiblesse et la servile pusillanimité de la politique moscovite.

Les boyards n’osèrent pas même répondre aux menaces de Sahib-Ghireï, et s’empressèrent de lui envoyer un ambassadeur distingué, chargé d’acheter la perfide alliance d’un barbare, par la promesse positive de ne point faire la guerre à Kazan. Mais ce tzar, en même temps qu’il donnait l’assurance de ses intentions pacifiques, exigeait qu’on lui fît parvenir des