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respectueuse vis-à-vis du jeune souverain : il s’asséyait dans la chambre de Jean, négligemment appuyé sur le lit, et les pieds étendus sur des fauteuils ; en un mot, il manifestait, en toutes circonstances, le ridicule orgueil d’un valet devenu maître. Sa sordide avarice excitait aussi de vifs reproches. On assure qu’il puisait à pleines mains dans le trésor de l’État ; et qu’avec cet or mal acquis, il fit fabriquer un grand nombre de vases précieux, sur lesquels était gravé son nom. Ce qu’il y a de certain, c’est que ses parens, ses partisans et ses favoris ne mettaient point de bornes à leurs exactions dans les provinces où ils occupaient des emplois publics et des places lucratives. C’est ainsi que le boyard André Schouisky et le prince Vassili Repnin-Obolensky, étant gouverneurs de Pskof, s’y comportèrent, suivant l’expression des contemporains, comme des lions féroces. Ils ne se contentaient pas d’accabler les agriculteurs et les citoyens d’impôts arbitraires, ils supposaient des crimes, encourageaient les fausses dénonciations, et donnaient à leurs arrêts un effet rétroactif ; ils exigeaient des présens des personnes riches, et de la part des pauvres un travail gratuit. L’asile sacré des monastères ne fut pas même épargné, et c’était avec la farouche avi-