Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome VIII, 1820.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1539. ainsi ce que peut-être le défunt n’avait eu ni la hardiesse, ni le temps d’entreprendre. Le métropolitain Daniel, qui s’était ligué avec Jean Belzky pour renverser la puissance des Schouisky, ne put lui-même, malgré la sainteté de ses fonctions et les ressources de son esprit, se soustraire au sort qui lui était réservé. Déposition du métropolitain Daniel. Déchu de sa dignité par un oukase des boyards, il fut relégué dans un monastère, où il eut le temps d’expier, par les austérités du jeûne, ses erreurs mondaines. Remplacé par Skripizin. Il fut remplacé par Joseph Skripizin, abbé du couvent de la Trinité.

Agité par les troubles que l’esprit de domination des boyards faisait naître dans son sein, le gouvernement ne pouvait avoir ni l’unité de force, ni la fermeté et la vigilance propres à maintenir le bon ordre dans l’État, et à faire marcher, d’une manière convenable, les affaires de la politique extérieuire. Caractère du prince Jean Schouisky et déprédations des provinces. Jean Schouisky, chef des boyards, ignorant en politique, peu porté au bien, encin à un amour-propre révoltant, ne souffrait aucune espèce de compétiteur, et ne voulait que des gens prêts à l’aider. Il commandait en despote au conseil ; se comportait au palais comme s’il en eût été le maître, et affectait des airs de grandeur, poussés jusques à l’impudence. Jamais on ne le vit dans une attitude